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CHRONIQUES DES PERDUS.

CHRONIQUES DES PERDUS.


Un cercle de vie ... ou de lecture.

Publié par Mehdi Elz. sur 10 Août 2013, 23:19pm

Un cercle de vie ... ou de lecture.

« Ils se marièrent et menèrent une vie heureuse. ». Les derniers mots d’un livre sont toujours les plus douloureux. La fin a beau être heureuse, magique, joyeuse, tout ce que vous voulez … l’effet qu’elle a sur le cœur du lecteur n’en reste pas moins poignant. Vous lisez les derniers mots, et vous passez à la quatrième de couverture, aux informations sur l’auteur, au nom de la maison d’édition, à n’importe quelle chose qui peut encore vous pousser à continuer l’aventure, à ne pas chasser la magie du bouquin une fois pour toutes (notez qu’il aurait été plus adéquat d’utiliser la première personne du singulier ici). Une petite voix s’élève du plus profond de votre esprit, une voix ‘petite’ et chevrotante, une voix qui suscite votre pitié, une voix qui vous dit très clairement que c’est fini ; c’est fini, c’est fini. Il n’y a plus d’espoir, messieurs, le mal est fait, le mal est fait et rien ne peut plus jamais être changé.

Vous vous rappelez alors du moment durant lequel vous avez décidé de prendre le livre entre vos mains : le début d’une vie, d’une aventure, le premier pas que vous avez fait pour franchir ce tunnel sombre et sans aucune issue. Vous avez commencé le premier chapitre, les premières pages, les premières lignes et les premiers mots. Vous ne comprenez pas très bien ce qui est en train de se passer, vous vous situez encore, c’est là que vous apprenez à marcher, que vous vous habituez à la vie. Petit à petit, vous lisez de plus en plus vite, vous devenez gourmands et vous ne pouvez plus attendre (des fois, il vous arrive de sauter des nuits de sommeil pour finir un tel ou tel nombre de chapitres. Encore une fois, il aurait été plus adéquat d’utiliser la première personne du singulier). Vous vous attachez à ce minable tas de feuilles qui vous a volé votre vie, qui vous a empêché plus qu’une fois de sortir voir des amis ou de la famille. Vous vous enfermez dans votre chambre, la lumière ne vous atteint plus, vous vous privez des repas quotidiens, vous ne connaissez plus que ce livre, ou ces livres … en tout cas, vous vous êtes faits une nouvelle famille maintenant et bien malgré vous, vous ne pouvez plus vous échapper. Des jours, semaines ou mois passent, tout dépend de votre rapidité et de votre façon de lire ... personnellement je préfère lire très rapidement (j’ai un record de livres lus par an à battre, oui je suis en compétition avec moi-même … qu’y puis-je), et vous vous approchez de la fin. Vous remarquez que le volume des feuilles à lire diminue, alors vous ralentissez le rythme … oui, vous le ralentissez pour pouvoir prendre un ultime plaisir à lire ce qui reste de cette aventure. Et puis LA FIN. La dernière page est la plus douloureuse, la fin d’une vie … la mort. Vous êtes morts dans ce livre, et vous êtes prêts à commencer une nouvelle vie dans le suivant.

Cette fois je me permets d’utiliser un ‘je’, le mien … je finis la dernière page, je m’attaque à la biographie de l’auteur, puis à la quatrième de couverture, je ferme le livre et le pose finalement à côté de moi. Je m’allonge (je préfère lire sur mon lit plutôt qu’assis). Je m’allonge et ferme les yeux, j’essaie de mourir … mais je n’y arrive pas alors je dors, je dors profondément. Je pense qu’en rouvrant les yeux, le chagrin d’avoir quitté de très bons amis se serait estompé, mais rien de cela n’est. Le chagrin est toujours là, plus fort et plus intense. Un chagrin qui me brûle le corps. Je me décide finalement d’éteindre cette tristesse et je prends un nouveau livre (des fois trois heures après le précédant, d’autres fois quatre semaines ou plus … tout dépend de mon attachement, tout dépend de mon âme de lecteur). Je prends alors ce nouveau livre en sachant, au fond de moi, que le « cercle de lecture » est sur le point de se reproduire, que je suis sur le point de naitre pour mourir de nouveau. Mais je le fais quand-même, je le fais pour l’amour de la chose, je le fais pour le bien-être que ça me procure et pour mon plaisir personnel. Je le fais pour la sacralité de la lecture, je le fais pour vivre …

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