Des questions ... pas du tout simples.

Train Casa-Eljadida, le 21 Septembre 2014, 20h11

Il y a bien un truc que j’ai toujours été incapable d’expliquer, à chaque fois que je prends un train de Casablanca à n’importe quelle destination, je suis toujours pris par une immense morosité, et une nostalgie qui me met toujours dans un tel état de misère durant plusieurs jours. J’ai toujours apprécié cette ville, pour être franc. Je ne connais pas tellement de coins magnifiques, mais le peu que j’ai vu m’a littéralement laissé épris de la dite ville. Casablanca c’est un tout autre monde et une sorte différente de magie. Je suis assis dans un café avec un ami, discutant de sujets qui vous sembleront assez bizarres mais dont nous sommes vraiment habitués. Nos discussions ont toujours été, faute de meilleur terme, extrêmes et j’ai toujours apprécié cela. Effectivement, cela m’a plus qu’une fois aidé à trouver une nouvelle idée d’article, un nouveau but et une raison pour justifier mon obsession pour l’écriture. Encore une fois, cela a marché.

J’avais huit ans quand, à l’école primaire à laquelle j’allais à l’époque, on nous proposa un système « d’échange » qui m’é été très bénéfique. On nous a fait parvenir un certain nombre de lettres écrites par des élèves français du même âge que nous, et on nous a par la suite demandé d’y répondre. J’ai eu la lettre d’un jeune garçon dont le prénom m’échappe maintenant (je n’ai pas les lettres à côté de moi pour le moment). Ce qui est étrange à propos de cela est que nous (le garçon et moi) nous étions par arrêtés à une seule lettre comme on nous l’avait clairement consigné. Nous nous étions écrits effectivement et régulièrement pendant une durée de trois ans, en dehors du cadre scolaire. je n’ai pas trouvé de réponses : Pourquoi gardes-tu ces lettres ? Quel en est le but ? Quelle valeur ont-ils pour toi maintenant ?Après avoir raconté cela à mon ami, il m’a posé quelques questions auxquelles je n’ai pas trouvé de réponses : Pourquoi gardes-tu ces lettres ? Quel en est le but ? Quelle valeur ont-ils pour toi maintenant ? J’ai alors décidé d’écrire afin de trouver une réponse, en espérant surtout en trouver une.

A vrai dire, je ne sais pas pourquoi je garde les lettres jusqu’au moment. J’ai depuis très longtemps perdu le contact avec le français, et je ne me suis jamais senti, pour être franc, tellement attaché à lui. C’était plutôt le fait d’écrire LES lettres plutôt que de LUI écrire qui me motivait. Mais je les garde pourtant, en sécurité, et étrangement, je les relis chaque quatre ou cinq ans. Je m’amuse à déchiffrer cette écriture rondouillarde que j’avais et ces termes communs que j’utilisais. Ces lettres ont pour moi une valeur émotionnelle surtout, je pense. Car ce sont des choses aussi simples que cela qui m’ont toujours poussé à écrire un peu plus. Des choses que la plupart de vous considéreraient peut-être comme futiles et sans importance, mais qui nourrissaient pourtant une passion au fond de moi. Une passion qui n’a cessé de grandir. Ces lettres étaient pour moi un symbole. Mais de quoi exactement ? Je ne sais point, car tout un mélange de sentiments m’envahit quand je les prends entre mes mains. C’est une sensation nouvelle qui m’est totalement étrangère. Un mélange de fierté, mais qui n’en est pas une, de joie mais pas si intense que cela, et d’excitation pourtant freinée. Vous ne savez pas à quel point il m’est difficile d’écrire ces mots maintenant, et à quel point je dois pousser mes réflexions pour les trouver. En effet, c’est un sentiment tout à fait indescriptible, au vrai sens du terme. J’essaie pourtant de l’aborder par comparaison, pour vous le transmettre aussi honnêtement qu’il m’est donné de le faire. En plus de leur valeur émotionnelle, ces lettres sont aussi pour moi des reliques, de simples objets qui me rappelaient une partie de moi que j’avais totalement oublié, le garçon que j’étais et les ambitions que je nourrissais. Les lire était comme plonger dans le passé, revoir certaines choses et se rappeler de certaines scènes. Cela avait un petit effet nostalgique sur moi, mais pas tellement. Il me rappelait ainsi, si je puis être modeste, tout le progrès que j’ai fait et tout ce que je pense avoir accompli dans ma vie. Il y a en effet des choses qui peuvent nous sembler primaires mais qui ont, d’une façon ou d’une autre, changé le cours de notre vie et nous ont influencé à un certain point pour devenir ce qu’on aspire devenir. Cela a marché pour moi, et marche toujours. Les lettres ne sont pas la seule chose que je garde, mais plusieurs autres symboles qui me rappellent chacun une période bien déterminée de ma vie, avec tous ses évènements et toutes ses histoires et tout ce qui a pu m’y marquer.

Je ne pense toujours pas avoir trouvé de réponse, mais je continue d’essayer. Une réponse claire ne pourrait jamais être trouvée, à mon avis. C’est ce genre de questions qui te poussent en effet jusqu’au bout. Tu deviens obsédé par la réponse et tu veux la trouver à tout point. Ce qui est bizarre est le fait que je n’ai jamais vraiment réfléchi ce qui rend ces lettres intéressantes. Mais la question a déclenché en moi une telle frénésie et une curiosité que j’atteins rarement. Je ne cesse d’y réfléchir. Au café après que la question me fut posée, en route vers la gare de train, au bord du train et j’y réfléchirai certainement demain en route vers l’école. Mais plus fort j’y réfléchis, et plus je sens que j’ai manqué quelque chose, un petit point important, un détail capable de m’illuminer, une clé. Mais je ne peux pas dire quoi, l’affaire est totalement en dehors de mon terrain. Je suis pourtant en train d’écrire à propos de moi, à propos de ce que je ressens, mais tout est tellement flou. Peut-être ne suis-je pas en train d’aborder les points intéressants ? Peut-être que je regarde la chose d’un angle totalement faux ? Ou peut-être qu’il n’y a tout simplement pas de réponse ? Peut-être que je les garde pour le simple but de les garder. Je n’en sais rien, mais j’y réfléchirai intensément, car c’est une question … intéressante qui mérite une réponse qui l’est encore plus.