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CHRONIQUES DES PERDUS.

CHRONIQUES DES PERDUS.


Summertime.

Publié par Mehdi Elz. sur 29 Juin 2014, 02:00am

Summertime.

Souvent, dans nos vies déjà trop courtes, on cherche à s’évader de la monotonie, des jours qui se ressemblent et des nuits longues et ennuyantes. Et souvent, en êtres bien malsains que nous sommes, nos cœurs mornes désirent les grands voyages et le luxe. On oublie que la vie est faite de petites joies, moi je l’ai appris malgré moi et trop tôt, d’autres l’apprendront plus tard quand le train aurait atteint sa destination de toujours. Ma recette du bonheur est très simple : Saisir chaque moment, se faire entourer par des gens qui méritent ta présence, et rire le plus possible en dépensant le moins d’argent possible. Le bonheur diffère d’une personne à l’autre. Mais le but ici n’est pas de vivre heureux, le but est de s’asperger d’un peu de bonheur, ne pas en abuser et surtout ne pas s’y accoutumer. J’ai vécu dix-huit ans au Maroc, je sais clairement de quoi je parle, après tout même les meurtriers ne sont pas emprisonnés dix-huit ans pour avoir tué quelqu’un, paragraphe pimenté d’ironie à votre service. En fin de compte, au Maroc comme dans plusieurs pays semblables, on a l’impression qu’on ne manque de rien alors qu’on manque de tout : on manque du parfum riche de la vie. Nous vivons une illusion, une image floue dont on essaie de nous convaincre. On oublie que c’est le vingt-et-unième siècle, que feu Hassan II est mort il y a quinze ans, et que le brouillard qui séparait l’illusion de la réalité s’est dissipé. Ici, on ne vit pas heureux, on ne vit même pas, mais on récolte les minuscules pièces de joie qu’on peut trouver ici et là, par des nuits d’été longues ou des nuits d’hiver sous notre couette. Ici, on oublie le concept de l’amour ou de la haine, ou oublie les valeurs et les principes humains, ici on vit comme on nous le dicte sans savoir qu’on nous le dicte. Après tout, c’est à une société de moutons que nous faisons parti, et les malheureux qui ont eu la bravoure d’ouvrir l’œil se trouvent coincés dans les plus grands pétrins de leurs vies. Les plus sages observent et se taisent et, en silence, récoltent la joie et le bonheur autour d’eux.

Mes nuits d’été regorgent d’histoires passionnantes, de rires chaleureux et de visages qui font ma joie pendant le temps de quelques heures. Mes nuits d’été commencent quand le minuscule cylindre déformé prend feu, et ne finissent que lorsque la chaleur ait tout consumé. C’est cela qui fait mon bonheur à moi. Le chuchotement de mes semblables se faisant entendre dans la nuit sereine : « Dokh lia ! ». Le feu crépite, brûle, et te transporte. Voyageant vers des contrées inconnues, jamais vues. Nous avions tous monté le train de la folie, celui qui ne mène nulle part mais mène partout. Et nous restons assis, ensemble, nous protégeant du mieux que nous pouvons du froid piquant, et riant pour la moindre des choses. Dernièrement, c’est cela qui a marqué mes nuits comme mes jours d’été, les rires ricochant sur chaque mur et pour n’importe quoi. Nous nous échangeons des regards gais, nous nous comprenons, nous nous réconfortons d’un coup d’œil et au fond, chacun sait qu’il n’a plus rien d’autre à demander à la vie. On ne demande rien, mais la vie donne. Du bon comme du mauvais, elle ne cessera jamais de donner. Le feu brûle encore, pacte divin de mon bonheur scellé, et ne s’éteint qu’au levée du jour, quand les dieux ont leurs yeux braqués sur moi, quand une peur soudaine d’une malédiction divine me prend, quand les oiseaux se lèvent et chantent, m’interpellant, me demandant d’arrêter, de ne pas m’accoutumer à toute cette joie que j’ai récolté durant la nuit. Et j’arrête.

Le vent fait admirablement danser les têtes des arbres en face de ma fenêtre pendant qu’il envoie des brises m’attaquer de partout. La nuit est sombre, plus sombre que d’habitude. Des fois, la lune se libère de l’étreinte des nuages épais et nous éclaire un peu de sa lumière, pitié sur nos âmes damnées, mais si tôt qu’elle ait faite cela que les nuages viennent la cacher de nouveau. Comme des soldats envoyés chacun par un dieu quelconque afin de voler chaque rayon de lumière de nos vies déjà trop surchargées. Les mortels devront jusqu’à la nuit des temps être les seuls créateurs de leur bonheur. Première leçon d’un adorateur du feu : ne dépendre de personne pour faire le bonheur de soi, être la main cachée qui fait bouger les fils de la vie, être le créateur de son propre destin et ne jamais avoir de doutes. Le doute tue la joie, les mots rusés du cerveau pour nous dissuader de faire telle ou telle chose tuent la motivation du cœur, son amour abondant. Un adorateur du feu devra savoir faire le premier pas, saisir chaque opportunité, brûler, et brûler puis laisser l’univers être témoin de son amour absolu ! Un adorateur du feu devra savoir aimer, et aimer sans conditions. Un adorateur du feu devra savoir être le seul Roi de sa vie, l’ère des pions est depuis longtemps résolue. Un adorateur du feu devra savoir récolter les pièces de joie que la vie éparpille sur son chemin.

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A
Je relis avec plaisir...<br /> JJ Rousseau en marocain nostalgique x)
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